je ne suis pas une pirate
je ne télécharge pas illégalement
parce que je l'ai décidé
Car s'approprier sans payer c'est bien du piratage!
L'analogie avec ce qui se passe sur les mers me parait très appropriée. Comme les navires flottant sur les océans sur lesquels tout le monde peut naviguer s'il possède un bateau, les créations circulent sur le web et il est facile de s'en emparer, via son ordinateur et sa connexion internet.
Les oeuvres de l'esprit sont imatérielles, les capturer sur la toile est facile et sans aucun risque, si ce n'est celui de voir disparaître tous les créateurs, dont les droits d'auteur sont le seul moyen d'existence.
Partage et gratuité, un miroir trompeur ?
La notion de partage, est certes une valeur positive synonyme de générosité, si celui qui donne offre une part de ce qu'il possède à l'autre et que par conséquent il lui en reste moins pour lui-même.
Quand un internaute achète un disque, un film ou des grilles d'explications et les diffuse à des tierces personnes, en fait ils conserve la totalité de la chose soi-disant partagée pour lui-même et chaque internaute « co-partageur » reçoit un exemplaire complet et identique, pour son usage.
Véritablement partage il y aurait, si chacun recevait une part, c'est à dire une phrase musicale, quelques images du film ou une ligne d'explications.
Pour effectuer un "partage" entre internautes il suffit qu'un seul exemplaire soit acheté au départ, puis distribué par multiplication de façon pyramidale à des centaines, voire des milliers de personnes.
L'auteur est bien le seul dont la part diminue réellement.
S'il a gagné... mettons 1 euro, pour l'exemplaire vendu au généreux internaute partageur, sa rémunération équivaut à 10 minutes de smic pour plusieurs jours, voire plusieurs semaines ou mois de travail.
Paradoxalement, quand il ose se plaindre qu'on lui ôte le pain de la bouche, c'est lui qui passe pour un raleur, un radin et un rabat-joie.
Comment faire pour rencontrer son public dans ces conditions difficiles à l'extrème ? S'envole le rêve d'éviter le passage obligé par l'éditeur.
Car il faut le savoir, le système des « royalties » qui rémunére les auteurs d'oeuvres de l'esprit est déjà source de grande inégalité.
Il fonctionne un peu comme une loterie, pour un travail similaire très peu gagnent le jackpot, quelques uns vivent confortablement, la très grande majorité reçoit presque rien. L'éditeur équilibre ses compte entre tous ceux-là, avec une forte propension à privilégier les premiers et à éviter les derniers qui ne rapportent rien.
La supercherie tendrait à nous faire croire que c'est parce qu'il sont mauvais ou n'ont pas travaillé assez.
L'histoire fournit des exemples où l'insuccès commercial du présent ne coincide pas avec la valeur intrinsèque de l'oeuvre, sur le long terme.
Mais oui... si par devoir fraternel Théo n'avait pas, tout au long de sa vie, subvenu aux besoins de Vincent dont la peinture novatrice ne trouvait pas acquéreur parmi ses contemporains... et qu'il soit mort de faim au début ? Ses héritiers n'auraient pas, en revendant ses oeuvres maintenant parmi les plus chères du monde engrangé une très belle fortune, de même les éditeurs avec le poster des tournesols. Merci Théo!
Individuellement chaque internaute profitant de l'aubaine d'une toute petite économie n'y voit pas malice. Il n'imagine pas une seconde que s'ils sont trop nombreux à compter sur les autres pour payer, ils se comportent comme un vol de criquets s'abattant sur un champ de blé.
Après leur passage, il ne reste plus rien que le désert et la désolation, parce qu'ils sont beaucoup trop.
Les criquets ne calculent pas sur le long terme, ne se posent pas la question de qui cultivera le champs l'année prochaine si le paysan meurt de faim cette année, ils croquent tant et autant qu'ils le peuvent, chacun dans leur coin.
Je ne milite pas contre la gratuité, j'essaie de la pratiquer intelligement. J'achète mes livres, de préférence dans une librairie et je prends conseil auprès du libraire afin de découvrir les écrivains contemporains, de privilégier ceux ayant de l'originalité et du talent. J'enprunte aussi à la bibliothèque de ma ville des classiques, des roman policiers et des ouvrages à grand tirage (ceux dont l'auteur a déjà gagné le jackpot)
Depuis plusieurs années je me connecte quotidiènement sur internet, jamais aucun téléchargement illicite ne s'est précipité sur mon ordinateur, à mon insu. je ne télécharge illégalement ni musiques, ni films.
Quand un patron est payant je l'achète, pourtant mes compétences dans le domaines du tricot me permettraient de refaire le modèle sans le payer, quitte à tatonner un peu.
j'ai réalisé pour mon petit-fils le baby surprise jacket d'Elizabeth Zimmerman, un modèle absolument génial datant de la fin des années 60, dont la créatrice est maintenant décédée.
Comment ne pas qualifier de contradictoire l'attitude du pirate accordant assez de valeur à une oeuvre pour la copier et l'utiliser, mais dans le même temps pas suffisament pour en payer les droits. Comment ne pas s'insurger du fait que par dessus le marché il la distribue privant ainsi son auteur du droit de vivre de son travail ?...?...?
J'ai décidé de ne pas pirater par respect, car les chercheurs défricheurs dont le travail fera la référence de demain sont une espèce fragile qui si on ne les laisse pas gagner de quoi survivre...n'ouvriront pas la voie aux générations suivantes.
Je refuse l'idée d'être seule de mon espèce et je tiens à faire le pari de m'adresser à des êtres humains comme moi, responsables et respectueux de leur prochain.